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Égalité professionnelle :
un long et nécessaire combat pour les femmes
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La question de l'inégalité hommes / femmes face au travail est
étrangement paradoxale. En effet le taux d'activité des femmes est de
plus en plus élevé.
Dans le même temps leurs durées de carrières se rapprochent
sensiblement de leurs homologues masculins. A côté de cela les femmes
sont de plus en plus formées, diplômées et qualifiées et pourtant les
inégalités ne s'estompent que très lentement.
Interrogés pour L'Express et Vedior Bis par l'institut de sondage
Louis Harris sur leur conception de la réussite professionnelle, les
cadres reconnaissent volontiers l'existence d'inégalités dans les
parcours des hommes et des femmes en entreprise.
Si une courte majorité (63% des hommes et 55% des femmes) estime
que le fait d'être une femme ne nuit pas à la carrière, les opinions
sont nettement plus critiques lorsqu'il s'agit de passer en revue les
blocages concrets. 86% estiment ainsi que la rémunération des femmes est
inférieure à celle de leurs homologues masculins, et 64% que la
maternité freine les carrières. Les lois en vigueur n'empêchent pas les
discriminations à l'embauche, pointées par 56% des hommes et 71% des
femmes.
Féminisation de
l'encadrement
Ainsi bien que le taux de féminisation de l'encadrement connaisse
une évolution croissante passant de 24 % en 1982 à 34 % en 2001,
d'importantes disparités demeurent selon les fonctions et les secteurs
d'activité.
Parmi les femmes cadres, 73% sont cadres administratifs et
commerciaux, 27% sont ingénieurs et cadres techniques et, surtout, elles
se font rares parmi les cadres dirigeants. Dans les 126 000 entreprises
ou groupes de plus de 10 personnes, le taux de féminisation des postes
de PDG est, en effet, de 9% avec moins de 12 000 femmes à la tête des
entreprises. Au second rang de direction, les femmes sont 22,6 %, leur
présence étant inversement proportionnelle à la taille de l'entreprise.
Si, dans les entreprises de 11 à 20 salariés, les femmes assurent la
direction dans 11% des cas, ce taux tombe à 2,9% pour les entreprises de
plus de 500 salariés. Dans ces dernières, au nombre de 2 300, les femmes
PDG ne sont que 59, et les directrices générales, 52.
Les
principales sources d'inégalités
Le chômage :
quels que soient l'âge et le niveau de formation, le taux de
chômage des femmes est supérieur à celui des hommes (13,6 contre 10,2%).
Le sous
emploi :
plus souvent employées sur des formes atypiques d'emploi (CDD,
stages, emplois aidés, temps partiel contraint).
Les salaires:
toutes choses égales par ailleurs, les femmes cadres ont une
rémunération inférieure de 13% à celle de leurs homologues masculins et
ce à formation et qualification identiques. Si l'écart constaté peut
résulter d'une disparité des salaires selon les secteurs d'activité, les
discriminations antérieures dans le déroulement de la carrière, à
l'embauche comme pour l'accès au statut cadre entrent aussi en ligne de
compte.
Le temps
partiel :
85% des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes.
Environ 40% de ces femmes souhaiteraient travailler davantage.
La nouvelle loi sur l'égalité professionnelle adoptée le 9 mai
2001, 18 ans après la loi Roudy renforce les outils juridiques. Mais
celle ci ne propose que des mesures incitatives dont la plupart sont
renvoyées au niveau de l'entreprise, un niveau de négociation
généralement plus défavorable.
Si la loi réaffirme le principe " à travail égal, salaire égal ",
il reste à démontrer qu'au delà de la théorie, il existe une réelle
volonté politique de lutter contre les inégalités. Cette initiative a
tout de même le mérite de replacer le combat pour l'égalité dans le
champ revendicatif.
Ce défi, Force Ouvrière entend bien le relever.
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