D'un fonctionnement d'une extrême complexité, trop souvent centrée sur
les besoins économiques, au détriment de la culture générale, la
formation continue en France est encore mal connue par les salariés.
Selon un sondage IFOP, 66% des salariés souhaitent bénéficier d'une
formation mais seuls 47% d'entre eux ont connaissance du Droit
Individuel à la Formation qui a vu le jour le 5 décembre 2003 .
Complexe, la formation continue est aussi encore trop
inégalitaire. Les cadres qui accèdent plus facilement à la formation que
les autres salariés ne sont que 35% à se former chaque année dont
seulement 20% de cadres d'entreprise de moins de 50 salariés. La taille
de l'entreprise détermine aussi les modalités d'accès à la formation.
Ainsi 25% des cadres d'entreprise de moins de 50 salariés sont « prêts »
à se former totalement en dehors de leur temps de travail alors que ce
n'est le cas que de 15% des cadres des entreprises de plus de 2000
salariés.
Majoritairement de courte durée, les formations des cadres
témoignent d'ailleurs du caractère opérationnel des politiques de
formation des entreprises. En plus d'être limités à l'adaptation de
l'individu à son poste de travail, les dispositifs de formation
remplissent trop souvent un rôle de présélection du marché du travail
qu'une fonction de compensation des inégalités de formation initiale.
Sans compter que la carence de titres à l'issue de ces formations - 20%
seulement des cadres formés voient leur formation déboucher sur une
qualification ou une certification - ne permet pas la reconnaissance
indispensable des compétences.
A l'aune de ces constats et en regard des évolutions actuelles
des contrats de formation, il est urgent de remettre les salariés au
cour du dispositif de formation. Cette exigence est d'autant plus
prégnante que la société de l'information et de la connaissance appelle
toujours plus d'expertise et de capacité d'innovation de la part des
salariés et plus généralement des cadres. Si les entreprises n'ont
d'autre choix que de se tourner vers la formation de leurs salariés pour
faire face aux défis économiques, elles doivent repenser la formation de
leurs cadres pour que celle-ci débouche sur des engagements et des
règles précises et claires.
Veiller à ce que les cadres puissent avoir des conditions de
travail « qualifiantes », un accès à des formations « appropriées » et
agir pour qu'ils puissent faire reconnaître leurs « compétences
acquises » sont des actions qui doivent s'inscrire durablement dans
notre cahier revendicatif. Pour que la formation professionnelle ne se
résume pas aux seuls objectifs de l'entreprise et ne soit qu'un moyen
d'ajuster des qualifications au marché, l'action syndicale doit
permettre aux cadres de s'approprier l'initiative et le contrôle de la
formation trop souvent laissés aux mains des seuls employeurs. De ce
point de vue l'accessibilité à la formation est primordiale et ne
saurait se réduire à un hypothétique entretien informel. Pour l'UCI-FO
l'instauration dans toutes les entreprises d'un entretien obligatoire
dédié à la formation s'impose. Un tel entretien ouvrirait à tous les
cadres un accès sans écueil à l'évocation de la question de la formation
et de ses dispositifs de mise en ouvre.
Plus que jamais, nous devons agir pour que la formation continue
devienne le moyen par lequel le salarié valorise ses connaissances, fait
reconnaître ses compétences et s'assure une protection face aux aléas du
monde du travail sans cesse en mouvement. Lier élévation des
qualifications et reconnaissance des compétences constitue alors un
enjeu majeur. Il s'agit, ni plus ni moins de permettre la maîtrise par
les cadres de leur parcours professionnel.
L'enjeu est aussi de première importance pour les managers et
cadres dirigeants de l'entreprise, qui entendent le plus souvent
participer pleinement au choix de leurs formations.
Eric PERES
Secrétaire général-adjoint
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